PHOTO : BOJANA TATARSKA. RÉALISATION : FRANCK BENHAMOU. KENNAH : ROBE EN CUIR ISABEL MARANT. ANANIA : VESTE EN CUIR CLOUTÉ ISABEL MARANT.

En ce début d’année 2021, après des mois d’incertitude et de remises en question quant à notre modèle de société et nos modes de vie, que souhaitons-nous véritablement changer ? Pour tenter d’y répondre, Mixte Metamorphosis, notre nouveau numéro SS21, explore le thème de la métamorphose, processus d’évolution et de transformation indispensable à l’amélioration de notre condition.

Même si, en ce début d’année, l’incompréhension et le désarroi continuent de squatter nos esprits égarés par “miss Rona”, les récents événements que nous avons traversés nous auront au moins permis d’apprendre que, peu importent les certitudes et les déterminations, aucun élément, aucun être, aucun modèle n’est assuré ; et que, finalement, tout ce qui nous entoure est sujet à métamorphose. Dès lors, il s’agit d’avoir l’audace de changer à notre image ce qui nous définit. “Tous nous serions transformés si nous avions le courage d’être ce que nous sommes”, disait Marguerite Yourcenar. Mais que souhaitons-nous être véritablement ? Assurément une société plus juste. Une société responsable. Une société à l’écoute. Une société qui embrasse fièrement les revendications égalitaires, quelles qu’elles soient. Une société qui ne laisse pas les artistes, les soignants, les étudiants et les migrants à l’abandon. Une société en phase avec la nature et l’environnement. En somme, une société qui aurait fait de la convergence des luttes le maître-mot de tous ses combats.

« Dès lors, il s’agit d’avoir l’audace de changer à notre image ce qui nous définit ».

Voilà donc la métamorphose vibrante, profonde, joyeuse et progressiste que nous désirons et qui est incarnée dans les pages de ce numéro sous différentes formes : des séries mode comme “Just Married”, où les mannequins Anania Orgeas et Kennah Lau, couple lesbien à la ville, vivent librement leur amour devant l’objectif de Bojana Tatarska, et “Metamorphosis” de Toby Coulson, qui se plaît à imaginer des humains transformés en objet ou en animal ;

des entretiens de jeunes designers à l’image de Kenneth Ize et Nicola Lecourt Mansion, têtes de file d’une génération mode militante en prise avec son époque ; des portraits de jeunes artistes engagées telles que la chanteuse française Crystal Murray, dont le travail associe songwriting et féminisme, ou la danseuse libanaise Yousra Mohsen dont les mouvements déconstruisent les préjugés et le sexisme ; mais aussi l’interview de la philosophe française Jeanne Burgart Goutal, qui nous éclaire sur le concept d’écoféminisme, ou de la musicienne et cheffe d’orchestre Uèle Lamore, qui repousse les frontières de la musique classique. Le tout complété par des décryptages et enquêtes qui reviennent sur les métamorphoses d’anthologie dans la pop culture et la littérature, sur le combat écologique et antiraciste au sein de l’industrie de la mode, sur le concept de queer ecology dans le monde de l’art ou encore sur les vertus des champignons sans doute capables de sauver le monde… qu’on se le dise, cette métamorphose a bel et bien commencé.