Divisées par thèmes et réparties dans les différentes galeries du musée, les pièces – vêtements de jour, tailleurs, robes du soir, sacs, bijoux, “petites robes noires” – sont exposées sur des mannequins qui reproduisent pour la plupart la fameuse “posture Chanel”, copiée sur Gabrielle : décontractée et classe à la fois, avec les hanches légèrement en avant et les épaules détendues. Certaines pièces, les tailleurs notamment, ont été portées par Coco elle-même. La mise en scène est sobre, dépouillée, à l’image du style Chanel et permet d’apprécier toutes les formes, matières et détails.
À mesure qu’on découvre les créations, la vision de Gabrielle se dessine sous nos yeux et on prend alors conscience du caractère révolutionnaire de celles-ci conçues à la veille de Années Folles. Les lignes sont claires, les coupes nettes et la silhouette graphique, marquant une nouvelle forme d’élégance à l’opposé des silhouettes corsetées et surchargées de la Belle Epoque. Les matières sont précieuses mais avant tout confortables.
On décèle clairement les préférences de Chanel pour la mousseline, la crêpe de soie, le tulle, la dentelle, la laine et le tweed. Les détails, comme les boutons de manchette sont empruntés au vestiaire masculin. Le dandysme du style Chanel se trouve dans tous ces petits détails qui sont un véritbale manifeste de la pensée avant-gardiste de la couturière, remettant en question dès les années 1900 les notions de masculinité et de féminité. Âgée de 25 ans seulement, elle apparaissait déjà sur les champs de courses vêtue de manteaux d’homme et de cravates. Il faut bien se rendre compte du cractère déter de la demoiselle, à une époque où la dépendance sociale et économique des femmes se signalait à leurs habits très élaborés.