2019, Lil Nas X était encore un ado fluet, qui, chapeau de cow-boy vissé sur la tête, foulait le gazon brûlé d’Atlanta et se retrouvait, par l’opération du Saint Esprit, à sortir le plus gros tube de la planète “Old Town Road”. Un premier single enregistré dans un vieux studio cheap et composé sur un beat acheté pour quelques centimes de dollars devenu littéralement un hymne planétaire, appelant à la défiance (“Can’t nobody tell me nothing”), et à la ténacité (“I’m gonna take my horse, To the old town road, I’m gonna ride ’til I can’t no more”). Monté en épingle via une campagne TikTok, “Old Town Road” avait fait râler les gardiens du temple hip hop pour mélanger des styles, a priori ennemis, la trap et la country. Dear Lord, ils n’étaient pas au bout de leurs surprises… Depuis, le titre est passé “Gold & Platinium » (d’or et de platines, mais pas version Jul hein), Nas a fait son coming-out (en juin 2019) et a été propulsé icône queer, notamment en multipliant les déclarations décomplexées sur sa sexualité gay. On se rappellera, entre autre, de ce tweet on fleek publié le 29 juin 2021 ou, sur son compte perso, Lil Nas X fait l’apologie du “Power Bottom” (comprenez le passif puissant, celui qui domine en étant pénétré, bref, vous l’avez) en reprenant les paroles de “Flawless” de Beyoncé :
“We teach our bottoms to shrink themselves, to make themselves smaller. We say to bottoms, you can have ambition, but not too much. You should aim to be successful, but not too successful. Otherwise, you would threaten the top.”
Comme le rappelait Libération la semaine dernière dans un édito signé Guillaume Lecaplai, “dans un monde où ‘enculé’ continue d’être jeté à tout bout de champ aux gens qu’on souhaite rabaisser, dire qu’on l’est, enculé, brise un sérieux tabou”. Si cette déclaration a déclenché les foudres chez les conservateurs et tous les machos de la communauté hip hop affolaient qu’on dynamite leurs pseudo codes de virilité, elle a surtout confirmé le statut de Lil Nas X comme superhéros de la nation queer.